 Sujet: Florilège de poèmes  Mer 14 Oct - 15:43 |
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Cent mille milliards de poèmes Raymond QueneauDans le recueil cent mille milliards de poèmes, rédigé par Raymond Queneau, édité par Gallimard, une seule forme de poème est mis en place, le sonnet. c'est un sonnet classique, de deux quatrains et de deux tercets tous composés pour chaque vers d'alexandrins. Nous, lecteurs pouvons composer cent mille milliards de poèmes différents, en ayant, pour chaque vers, dix possibilités, nous donnant donc pour les 14 vers formant un sonnet, dix vers différents.
Les poèmes sont présenté dans un ordre précis : En effet, le premier poème qui sera noté dans ce florilège sera le premier poème que j'ai confectionné à partir de Cent mille milliards de poèmes. La suite s'en suivra. On verra très facilement qu'au début, je fus plus inspiré que je ne le fus à la fin. Essayant de rester avec des poèmes ayant un minimum de sens, à la fin, avec la fatigue, la liberté sort et commence à confectionner des choses que je ne peux pas forcément comprendre, mais que j'apprécie bien que cela ne soit sans queue ni tête. - Citation :
- Lorsque tout est fini lorsque l'on agonise
pour déplaire au profane aussi bien qu'aux idiots
la découverte alors voilà qui traumatise
et tout vient signifier la fin des haricots
Quand on prend des photos de cette tour de Pise
d'où Galilée jadis jeta ses petits pots
nous regrettions un peu ce tas de marchandise
les Grecs et les Romains en vain cherchent leurs mots
Le brave a beau crier ah cré nom saperlotte
le touriste à Florence ignoble charibotte
l'autocar écrabouille un peu d'esprit latin
On a bu du pinard à toutes les époques
grignoter des bretzels distrait bien des colloques
mais rien ne vaut griller le morceau de boudin Ce premier poème, a été fait quelques minutes après l'obtention du recueil. Nous étions en "Club de lecture" et nous devions tous choisir un recueil. Sans arrières pensées, je me mis à le faire, et lorsqu'il fut terminé, je trouvais qu'il y avait beaucoup d'humour, surtout dans le premier quatrain et le dernier tercet. Cependant dans le premier quatrain, il y a de l'humour avec la chute, dans le dernier vers, mais le thème dans ce quatrain et plus sérieux. Comme si, au moment où nous allions mourir nous pouvions l'apprendre, et c'est ce qui "traumatise" comme si on n'avait pas assez de temps pour se remémorer tous nos souvenirs. - Citation :
- Le cheval Parthénon s'énerve sur sa frise
que convoitait c'est sûr une horde d'escrocs
il se penche et alors à sa grande surprise
il ne trouve aussi sec qu'un sac de vieux fayots
Le cheval Parthénon frissonnait sous la bise
que n'a pas encore dévoré la horde des mulots?
il grelottait le pauvre aux bords de la Tamise
l'enfant pur aux yeux bleus aime les berlingots
Devant la boue urbaine on retrousse sa cotte
on gifle le marmot qui plonge sa menotte
lorsqu'il voit la gadoue il cherche le purin
Sa sculpture est illustre et dans le fond des coques
les banquiers d'Avignon changent-ils les baïoques?
toute chose pourtant doit avoir une fin [size=10] - Citation :
- C'était à cinq o'clock que sortait la marquise
pour consommer un thé puis des petits gâteaux
le cornédbif en boîte empeste la remise
elle soufflait bien fort par dessus les côteaux
Je me souviens encor de cette heure exeuquise
du client londonien où s'ébattent les beaux
aller à la grande ville est bien une entreprise
elle effraie le Berry comme les Morvandiaux
Du Gange au Malabar le lord anglais zozotte
une langue suffit pour emplir sa cagnotte
lorsqu'on revient au port en essuyant un grain
L'Amérique du Sud séduit les équivoques
frère je t'absoudrai si tu m'emberlucoques
le mammifère est roi nous sommes son cousin - Citation :
- Le marbre pour l'acide est une friandise
lorsque le marbrier astique nos tombeaux
une toge il portait qui n'était pas de mise
il chantait tout de même oui mais il chantait faux
On vous fait devenir une orde marchandise
on prépare la route aux pensers sépulcraux
nous regrettions un peu ce tas de marchandise
la mite a grignoté tissus os et rideaux
On sèche le poisson dorade ou molve lotte
on sale le requin on fume à l'échalotte
lorsqu'on revient au port en essuyant un grain
Enfin on vend le tout homards et salicoques
on s'excuse il n'y a ni baleines ni phoques
le métromane à force incarne le divin - Citation :
- Il se penche il voudrait attraper sa valise
pour la mettre à sécher aux cornes des taureaux
il se penche et alors à sa grande surprise
il ne trouve aussi sec qu'un sac de vieux fayots
Il déplore il déplore une telle mainmise
qui se plait à flouer de pauvres provinciaux
de la mort on vous greffe une orde bâtardise
à tous n'est pas donné d'aimer les chocs verbaux
Le poète inspiré n'est point un polyglotte
on comptait les esprits acérés à la hotte
lorsqu'on boit de maté l'on devient argentin
Cela considérant ô lecteur tu suffoques
comptant tes abattis lecteur tu te disloques
si la cloche se tait et son terlintintin - Citation :
- Le vieux marin breton de tabac prit sa prise
pour de fin fond du nez exciter les arceaux
sur la place un forain de feu se gargarise
il donne à la tribu des cris aux sens nouveaux
On était bien surpris par cette plaine grise
les gauchos agitaient leurs drapeaux
nous avions aussi froids que nus sur la banquise
lorsqu'on voyait au loin flamber les abrisseaux
Du pôle à Rosario fait une belle trotte
aventures on eut qui s'y pique s'y frotte
le colonel s'éponge un blason dans la main
Barde que tu me plais toujours tu soliloques
tu me stupéfies plus que tous les ventriloques
la gémellité accuse son destin - Citation :
- Quand l'un avecque l'autre aussitôt sympathise
se faire il pourrait bien que ce soit des jumeaux
des êtres indécis vous parlent sans franchise
on espère toujours être de vrais normaux
Souvenez-vous amis de ces îles de Frise
quand se carbonisait la fureur des châteaux
d'une étrusque inscription la pierre était incise
que les parents féconds offrent aux purs berceaux
Le généalogiste observe leur bouillotte
le chat fait un festin de têtes de linotte
les croque-morts sont là pour se mettre au turbin
L'Amérique du Sud séduit les équivoques
les Indes ont assez sans ça de pendeloques
si l'Europe le veut l'Europe ou son destin - Citation :
- Le roi de la Pampa retourne sa chemise
snob un peu sur les bords des bords fondamentaux
la critique lucide aperçoit ce qu'il vise
qui sait si le requin boulotte les turbots?
Du voisin le Papou qui suçote l'apophyse
qui clochard devenant jetait ses oripeaux
le gourmet en salade avale la cytise
quand les grélons gin mars mitraillaient les bateaux
Le loup est amateur de coq et de cocotte
comme à Chandernagor le manant sent la crotte
le chemin vicinal se nourrit de crottin
Les rapports transalpins sont-ils biunivoques?
les banquiers d'Avignon changent-ils les baïoques?
le Beaune et le Chianti sont-ils le même vin? - Citation :
- Du jeune avantageux la nymphe était éprise
pour déplaire aux profanes aussi bien qu'aux idiots
sur l'antique bahut il choisit sa cerise
des narcisses on cueille ou bien on est des veaux
Et pourtant c'était lui le frère de feintise
le vulgaire s'entête à vouloir des vers beaux
un frère même bas est la part indécise
les Grecs et les Romains en vain cherchent leurs mots
La Grèce de Platon à coup sûr n'est point sotte
le lâche peut arguer de sa mine pâlotte
lorsque Socrate mort passait pour un lutin
Frère je te comprends si parfois tu débloques
frère je t'absoudrai si tu m'emberlucoques
la gémellité accuse son destin |
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